A travers le Djebel Siroua - Trek dans l'Atlas marocain
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C’est à l'extrémité orientale de la chaîne de l'Anti-Atlas, à 200 km au sud de Marrakech, que s’étend le Djebel Siroua. Encore méconnu, ce petit massif se démarque du Haut-Atlas grâce à ses caractéristiques géographiques. Désertique de par sa proximité avec le Sahara, ce dernier fut autrefois façonné par une intense activité volcanique. Dominé par le sommet du Siroua, cette chaîne montagneuse présente un relief d’une impressionnante variété : falaises déchiquetées et vastes plateaux désertiques alternent avec d’étroites vallées fertiles et d'immenses pâturages recouvrant les flancs des montagnes en été.
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En ce début du mois de novembre, les sommets déjà enneigés de l’Atlas laissent place, plus au sud, aux premiers massifs désertiques pré-sahariens. C’est au sud-ouest de Ouarzazate, perdu au milieu d’arides collines, qu’apparaît le minuscule village de Tamallakout. Ce sera le point de départ de notre marche à travers la chaîne du Djebel Siroua et ses ressauts sahariens façonnés par le volcanisme.
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C’est dans un paysage de déserts et de montagnes que nous entamons notre trek sous un soleil éclatant, caractéristique de ces régions bordant le Sahara. Au creux d'une petite vallée apparaît le village de Tizwat. Ses champs dorés sont prêts pour la dernière récolte, quelques gamins rigolent avec nous en rentrant de l’école…
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Plus à l'ouest s’ouvrent de vastes plaines désertiques où semble glisser le vent, formant ici et là de légers tourbillons de poussière. Le paysage alentour devient exclusivement minéral : roches basaltiques et blocs de granit ont recouvert le sol sur lequel survivent avec difficulté quelques arbustes desséchés.
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Après plusieurs jours de marche, c'est l'ascension du Siroua qui concentre notre attention. Point culminant du massif, il lui a également donné son nom. Le sommet offre une vue imprenable sur la région : les premières dunes à l'horizon, les montagnes à nos pieds, toutes deux séparées par d'immenses regs...
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Au pied de cet imposant sommet aride et venteux, nous rencontrons les derniers bergers de la saison. Ces derniers préparent leur retour aux villages et s’apprêtent à quitter les Azibs, bergeries d’altitude qu’ils ont occupé ces derniers mois. C'est le cas d’Hassan, un jeune berbère de la tribu des Aït Ouaouzguite.
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Alors que le ciel se pare des chaudes teintes du couchant, Hassan nous convie dans sa bergerie, petite cabane de pierres granitiques recouverte d’un toit de terre. Il allume tout d’abord un feu avec les racines des quelques arbustes chétifs qu'il a pu déterrer. Il prépare enfin des galettes et sort des dattes séchées tandis que bout la théière remplie de menthe. Ramadan oblige, c'est son premier repas depuis que le soleil s’est levé au dessus du Siroua.
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Le lendemain, Hassan annonce à son ami Youssef qu’il est temps de descendre dans leur vallée. La nourriture pour les bêtes devient en cette saison trop difficile à trouver sur les hauteurs. De plus, l'hiver n’est pas loin et la neige ne tardera pas à tomber sur les crêtes. Les deux amis ne cachent pas leur enthousiasme et leur impatience à l’idée de retrouver leur famille après ces longs mois de solitude.
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C’est avec regret que nous quittons ces bergeries, où moutons et chèvres profitent d'un ultime repas d'altitude avant de retrouver la vallée. Plus au nord, le décor se transforme, désertique et austère.
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Le paysage rappelle désormais le passé volcanique de la région. Parmi les collines alentours, des rochers granitiques et des blocs de basalte semblent parsemer le sol jusqu’à l’infini. Les nuages, balayés par un vent froid, font glisser leurs ombres sur le massif du Siroua avant de survoler les nouveaux villages de notre itinéraire.
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Au fond d'une vallée parcourue par un petit cours d'eau, c'est le village d'Anmid qui apparaît. Construit en nid de guêpes autour de l'oasis qui permet aux habitants de cultiver leurs champs, le hameau possède également quelques agadirs. Ces greniers collectifs fortifiés sont fabriqués en pisé. Construits sur les hauteurs, ils permettaient autrefois aux villageois de protéger leurs récoltes des envahisseurs.
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Passé le village d'Agrilaoune, nous sommes surpris par une petite pluie fine, événement rare dans ces contrées arides. Deux enfants perchés sur un frêle mulet reviennent des bergeries situées plus au nord. Ils ramènent avec eux des sacs remplis d'ustensiles et de vêtements que les bergers, comme le vieux Abdullah, doivent descendre au village avant de rentrer des alpages pour les longs mois d'hiver.
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Ces derniers rejoindront les hameaux nichés au creux des vallées, comme ceux de Tourit et d'Amassine, afin d'y passer l'hiver avec famille et troupeaux. Ce retour est d’autant plus nécessaire que la récolte du safran, qui représente un apport essentiel dans la vie des villageois Aït Ouaouzguite, doit impérativement se terminer avant l'arrivée des premières gelées hivernales.
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Aujourd'hui, de plus en plus de hameaux sont cependant abandonnés par les bergers et les agriculteurs partis rejoindre les lumières de la ville, epérant une vie plus aisée. Ainsi, quelques villages désertés et leurs agadirs en ruines trônent dans le Djebel Sirwa, vestiges d’un peuple et d’un mode de vie en sursis.
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Tanguy&Violette © 2001-2007 |
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