Carnet saharien d'un aquarelliste

Avant de pénétrer dans le Sahara vers l'Algérie, le caravanier marocain doit traverser plusieurs Djebels, des massifs montagneux au sud de la chaîne de l'Atlas. De par leur proximité avec les sables du désert, ces chaînes de montagnes alternent entre falaises déchiquetées et vastes plateaux désertiques. Mais avant cette longue et ardue traversée vers les "grands sables", le méhariste va trouver un ultime caravansérail.

Perdu au détour des ruelles de la vieille Médina, ce bâtiment, appelé "palais des caravanes" en turco-persan, est un lieu où les caravaniers font halte. Il accueille également pèlerins et marchands faisant escale dans les villes. Le caravansérail, toujours fortifié, comporte à la fois des écuries pour les bêtes, des magasins pour toutes les marchandises et des chambres pour les gens de passage.

Caravansérail d'une Médina du Maroc

Une fois les hommes et les bêtes reposés, les ultimes marchandises négociées et arnachées sur les chameaux, le méhariste doit quitter l'abri du caravansérail. Il fait ses adieux en lançant un "Salaam Aleikoum" à ses amis puis s'élance vers les étendues infinies du grand Erg. Mais avant de fouler le sable des larges dunes, de marcher à l'ombre des rochers de basalte, il doit tout d'abord traverser les Djebels...

 

Ces petites chaînes de montagnes sont un ultime barrage avant le désert. Elles forment un paysage plus minéral : rochers basaltiques et blocs de granit recouvrent le sol sur lequel survivent ça et là quelques arbustes desséchés.


Touaregs au bod du feu - Sahara marocain

Lorsqu'ils atteignent un puits, les caravaniers et leurs bêtes de somme font halte dans ces paysages de collines arides. A la tombée de la nuit, ils montent leurs "marabouts", de larges tentes pour le bivouac, puis servent le thé à la menthe. Le repas du soir est frugal mais le feu permettra aux hommes de dormir au chaud tandis qu'un des leurs gardera un oeil sur les animaux qui paissent non loin de là.

Bivouac sous le Siroua (3305 m) - Maroc

Le lendemain, le soleil se lève en projetant des teintes orangées sur les sommets alentours. C'est le moment pour les méharistes de lancer leur caravane qu'ils ont attelée juste après la prière de l'aurore.

Alors que le ciel perd ses chaudes teintes du lever de soleil, la caravane traverse des paysages où les rochers de basalte, façonnés par les vents du Sahara, prennent des formes assez surprenantes.

 
 

Puis, comme l'avait annoncé le touareg guidant ses chameaux à travers les collines, la caravane atteint les sables.

Le grand Sahara apparait alors, immense et rouge-orangé. Il recouvre même en de puissantes dunes les collines de basalte bleu qui jalonnent un ultime plateau, celui qui rejoint l'Algérie.

Craignant le puissant souffle de l'Harmattan et les tempêtes de sable, la méharée se poursuit, cette fois dans un univers de plus en plus envahi par les sables. Le jour suivant, les petites dunettes, appelées "barkhanes", ont disparues. Ce sont de hautes et larges dunes de sable orangé que la caravane devra désormais traverser avec son lot de difficultés, et cela jusqu'à Tombouctou, au lointain Mali...

- Aquarelles de Jean-Pierre Petit -

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