Les Sadhus, saints hommes hindous

Pour les hindouistes, le but ultime de toute vie est d’atteindre le Moksha, c’est à dire l'illumination et la libération de l'illusion. Ce dernier permet la dissolution dans le divin grâce à l'arrêt du cycle des renaissances : la fusion avec la conscience cosmique. Cet objectif n’est malheureusement que rarement atteint. C’est dans ce but que les Sâdhus choisissent un mode de vie entièrement dédié à leurs dieux, espérant ainsi accélérer le processus de réincarnation et pouvoir, à leur mort, atteindre le Moksha.

L’Inde compte des Sâdhus depuis des milliers d'années, peut-être même depuis la préhistoire.  Aux origines, on pouvait alors comparer leur rôle à celui des Chamans. Aujourd'hui considérés par tous les Hindous comme des hommes d'une grande sagesse, les Sâdhus sont vénérés tels des demi-dieux. Grâce à leur conduite exemplaire, leur savoir religieux, et leurs compétences de maîtres spirituels ayant accumulé une grande expérience mystique, la tradition hindouiste les respecte comme de véritables saints.  

Ils représentent aujourd’hui près de 0,5 % de la population indienne, soit quatre à cinq millions de personnes qui choisissent de tout quitter pour ce mode de vie basé sur le mysticisme et l’ascétisme.

  Sâdhu du Kerala

Les Sâdhus sont en effet des renonçants, ils coupent tout lien avec leur famille et ne possèdent rien ou peu de choses. Symbole de leur sainteté, ils ne sont vêtus que d'un simple longhi, tunique de couleur safran pour les Shivaïstes, jaune ou blanche pour les Vishnouistes, et arborent parfois quelques colliers. Pèlerins sur les routes de l'Inde et du Népal, ils n’ont pas de toits pour vivre et passent ainsi leur vie à voyager, se nourrissant des dons offerts par les dévots tout au long de leurs errances et pèlerinages.

Sâdhus en pèlerinage   Sâdhu Shivaïste

Dans leur recherche d'absolu, les Sâdhus pratiquent des tapas, récitations de mantras, rituels magiques, contrôle du souffle, yoga unifiant le corps et l'âme, abstinence sexuelle, vœu de silence, méditation ou mortifications. La pratique des tapas leur permet d’augmenter leur énergie spirituelle et d'atteindre ainsi un statut proche du divin. Beaucoup d'entre eux consomment rituellement du haschich, comme Shiva est censé le faire. Bien que prohibée par la loi, cette pratique est cependant tolérée par l'État indien.

Sâdhu du Rajasthan   Sâdhvi, femme Sâdhu

Outre leur propre recherche spirituelle, les raisons originelles qui poussent les Sâdhus à choisir ce mode de vie peuvent être très diverses : fuir sa caste, car les saints hommes ne les reconnaissent pas ; échapper à une situation familiale pénible ; fuir une situation économique calamiteuse ; mais aussi, pour certains, éviter l'infamie du veuvage. Bien que minoritaires, il existe également des femmes Sâdhus appelées Sâdhvis. Ces dernières représentent environ 10 % de la population S âdhu.

L'allégeance des Sâdhus à Shiva ou à Vishnou se reconnaît par les marques traditionnelles qu'ils peignent sur leur front mais aussi par la couleur de leurs vêtements.

Sâdhu de Varanasi   Sâdhu de Jaisalmer
Les Sâdhus sont engagés corps et âme dans leur quête spirituelle. Ils quittent une vie professionnelle et familiale parfois très enviable pour partir, renonçant aux attachements matériels et temporels. Souvent presque nus et couverts de poussière, ils font le choix de mendier leur nourriture et d’errer à travers les chemins de l’Inde sacrée. Solitaires ou en groupe, ils parcourent en effet le pays, de pèlerinages en lieux sacrés de l’hindouisme. Après des années d’errance, ils trouveront enfin une "terre d'asile" où ils pourront se poser afin de guider les pèlerins à la recherche d’un guide spirituel et enseigner leur savoir à d'autres.
Vieux guru au bord du Gange   Chellas, futurs Sâdhus
Appelés "Chellas", les futurs Sâdhus suivront pendant plusieurs années les préceptes de leur guru, devenu après des années d’errance et de dévotion un saint homme accompli.
Sur les ghats de Bénarès
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