Phares et refuges, gardiens d'Islande

Isolée aux limites de l'océan polaire arctique, perdue en plein milieu de l'Atlantique nord, l’Islande est soumise à des conditions climatiques particulièrement difficiles. Dans cette île de  quelques 100 000 km2, la mer joue un rôle clef : respectée car elle fait vivre le pays depuis des siècles, mais surtout redoutée, ici bien plus qu’ailleurs… L’industrie de la pêche a en effet toujours occupé une place primordiale dans l’économie islandaise. Les navires doivent cependant longer des côtes dangereuses mais aussi subir un climat, non seulement très violent, mais surtout reconnu pour son caractère imprévisible. Après tout, ne dit-on pas là-bas que si quelqu'un n'aime pas le temps qu’il fait, qu’il attende cinq minutes !

Phare de Thordvaldsfjall

Pour protéger les bateaux de pêche et leurs hommes du constant danger venant de la mer, le pays a rapidement du se doter d’un réseau de phares et de refuges important et performant : tandis que les premiers guident les navires en les avertissant des dangers de la côte, les seconds serviront d'abris de secours aux marins naufragés…

La majorité des phares sont caractérisés par des couleurs vives : oranges pour la plupart,  certains sont plus simplement peints en rouge et blanc.  Tous ont été construits sur des points stratégiques dont dépend leur fonction : certains marquent l'entrée des fjords importants dans lesquels les navires peuvent trouver refuge, tandis que d’autres, perchés sur les pointes et falaises de l’île, annoncent le danger venant de la côte. C’est ainsi que les phares et balises de la côte islandaise protègent, guident et rassurent les marins par mauvais temps. Il n’en a pas toujours été le cas…

Phare de Dyrholaey, Islande   Phare de Bolungarvik

Jadis, des feux de paille allumés le long de la côte guidaient les marins jusqu’au port. Ce qui sauva de nombreux navires en fit couler certains… Il n’était en effet pas rare que les habitants des côtes pauvres et désolées allument des feux dans des zones dangereuses pour y attirer les navires. Les embarcations ainsi piégées allaient alors s’écraser sur les hauts-fonds avant d’être pillés, non seulement de leurs marchandises, mais aussi de leur propre bois... Le bois des bateaux était en effet récupéré par les habitants qui profitaient de cette denrée rare pour toutes sortes de constructions.
Fort heureusement, ces temps durs et incertains sont aujourd’hui bien révolus. L’électricité éclaire depuis bien longtemps les phares islandais qui sont aujourd’hui pour la plupart totalement automatisés.

L'océan représente la principale source de richesse en Islande, mais reste un allié incertain et souvent meurtrier. Malgré les progrès de la sécurité sur les navires et chalutiers, la vie des pêcheurs reste en effet constamment menacée par les éléments. De puissants courants entourent l'île, à l'instar de ceux venant du Groenland qui poussent les icebergs vers la côte.

  Côte de Malariff, Snaefellsness

Enfin, le climat islandais est des plus imprévisibles : il n’est pas rare de passer d’un grand soleil à un violent orage, avant de retrouver un arc en ciel en moins de dix minutes !

Phare de Latrabjarg, extrémité ouest de l'Islande   Grand phare de Malariff

C'est pour cette raison que l'Islande s’est également dotée d'un excellent réseau de refuges et d'abris de secours, destinés à protéger des violents caprices de son climat. Ainsi, tout au long des côtes inhabitées de l'île, des abris appelés "Storm Shelters" sont disséminés tous les quinze à trente kilomètres. Ces derniers garantissent une protection minimum aux personnes qui s’y réfugient.

Refuge de Haedalvik, Horn

  Langanes storm shelter

Aisément repérables à leur couleur orange, ces cabanes et abris ont été mis en place pour secourir pêcheurs et marins naufragés, mais aussi chasseurs et randonneurs égarés dans la tempête. Dans des situations parfois extrêmes, ils abritent, réchauffent et permettent même aux personnes en difficulté de s’y nourrir. Ils ont été construits afin de répondre à toutes sortes d’urgence.

  Refuge pour tempête, Dritvik

Refuge des West Fjords

 

On peut ainsi y trouver des couvertures, des vêtements de rechange (pantalons, chaussettes, pulls de laine, vestes de pluie et même des bottes), ainsi que de la nourriture de survie pour plusieurs jours. A cela s’ajoute une pharmacie de secours, un poêle pour le chauffage, parfois doublé d'une gazinière avec casseroles et ustensiles, mais surtout une radio VHF permettant d'appeler d'éventuels secours !

Ces refuges de secours sont un relais indispensable au réseau de phares construits tout au long de la côte. Performant, ce système de guidage et de secours a déjà sauvé beaucoup de vies humaines.

Phare de Skardsvik,   Reinir, Islande

Seul au milieu des tempêtes de l’arctique, ce petit pays a du s’adapter à son isolement et à des conditions climatiques difficiles. En Islande plus que partout ailleurs, le hasard n’a pas sa place et la nature est reine. A défaut de la dompter, les islandais ont depuis longtemps compris la nécessité de mettre toutes les chances de leur côté pour se protéger de cette nature furieuse. Ils savent malgré tout que par jour de tempête, lorsque le vent rend fou et que le froid paralyse, ils pourront compter sur les phares et refuges, véritables gardiens de leur île et de ses habitants.

Phare balise de Stikkysholmur
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