Au milieu des terres désolées du Taklamakan, à l’extrême ouest de la Chine, la province du Xinjiang est la moins peuplée du pays alors qu’elle couvre près d’un sixième du territoire. Ayant résisté pendant des siècles à la domination chinoise, le Xinjiang, ancien Turkestan, tombe sous la domination chinoise en 1949. Sa population est alors majoritairement Ouïghoure, musulmane et turcophone.
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Musulman avant tout, le peuple ouïghour possède une forte identité religieuse qui lui a notamment permis de conserver une différence marquée par rapport à l’envahisseur chinois.
En effet, l’empire Ouïghour connut une brillante civilisation, jusqu’à son absorption par l’Empire mongol au XIIIème siècle.
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Au cours de leur histoire, les Ouïghours ont successivement adopté le chamanisme, le manichéisme, le bouddhisme et le nestorianisme pour finalement se convertir à l'Islam lorsque les conquérants arabes battirent les Chinois en l'an 751 de notre ère, ouvrant ainsi la voie à l’islamisation de toute l’Asie centrale.
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Sous l’influence des religions qu’ils adoptent, les Ouïghours utilisent successivement, et parfois de manière concurrentielle, un grand nombre de systèmes d’écriture (turco-runique, brahmi, tokharien, soghdien) avant de développer leur propre système graphique.
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L’arrivée de l’Islam a été un grand changement car il fut accompagné par l’absorption des régions ouïghoures dans l'immense empire turco-mongol et musulman. Ainsi, les descendants de Gengis Khan ont entrainé le remplacement progressif de leur écriture par un alphabet arabo- persan, encore utilisé de nos jours.
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Si leur écriture, leur langue et leur religion marquent une réelle différence avec la culture des chinois Han, les ouïghours diffèrent également de par leur physionomie, si caractéristique des peuples d’Asie centrale. Une peau mate, des yeux représentant toute une palette de couleurs, du noir au bleu profond, des traits rappelant les origines mongoles, turques ou bien ouzbeks de ces hommes et de ces femmes.
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Depuis quelques années, la Chine a intégré l’identité propre de ce peuple lointain, bien qu'il ne représente que neuf millions d’habitants - une broutille pour cet immense pays.
Les Ouïghours font ainsi désormais partie des quelques cinquante-six ethnies minoritaires ayant été reconnues de manière officielle par la République Populaire de Chine. |
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Ce statut leur permet certains privilèges dans un pays où la différence est très souvent réprimée. Les familles ouïghoures échappent ainsi à la politique de l’enfant unique et leur langue est reconnue comme seconde langue officielle au Xinjiang.
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L’intégration du peuple ouïghour et de sa culture dans la République Populaire de Chine semble pourtant bien illusoire. La présence de ressources naturelles stratégiques dans le Xinjiang chinois et sa proximité avec des pays dits sensibles a fortement encouragé le pouvoir central à accélérer la sinisation de cette région pour en accentuer le contrôle. Des millions de Han sont ainsi venus s'installer dans ce nouvel eldorado chinois, monopolisant les emplois et les postes à responsabilité.
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En réponse à cette véritable volonté d’assimilation du peuple ouïghour à la culture chinoise, un courant indépendantiste a vu le jour dans les années 1990. Revendiquant plus de liberté, mais surtout la reconnaissance de leur véritable identité, ce mouvement fut sévèrement réprimé par les autorités du pouvoir en place.
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Les évènements du 11 septembre 2001 représentèrent l’occasion rêvée pour le gouvernement chinois pour justifier de véritables représailles : de par leurs origines musulmanes et leur proximité avec le Pakistan, les indépendantistes ouïghours seraient, dixit le gouvernement chinois, de dangereux terroristes liés à Al Quaida… La terrible repression qui s'ensuivit n'a pourtant pas calmé la grogne qui se fait aujourd'hui plus discrète. La population ouïghoure continue aujourd'hui d'affirmer avec fierté leur identité et leur culture mais deviennent progressivement minoritaires dans leur propre territoire.
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