Trek dans l'Oraëfi

Pour un premier trek en Islande, difficile de ne pas se référer au trek du Landmannalaugar présenté comme un classique. Nous avons cependant choisi d’éviter ce chemin tout tracé : trop court à notre goût pour parcourir une région aussi riche en diversité de paysage, mais surtout trop parcouru. Quel dommage en effet de découvrir l’Islande sans goûter la solitude et sentir un petit parfum d’aventure…

Nous avons donc décidé de tracer notre route, dessiner notre propre itinéraire et d'explorer les moindres recoins de cette région du sud de l’Islande afin d’en découvrir toute la diversité. Notre trek débute au pied du volcan de l'Hekla, avant de traverser l'étrange région volcanique d’Hrafntinnusker et la vallée du Landmannalaugar. C'est après avoir rejoint la faille éruptive de l'Eldgda et contourné l'imposant glacier du Myrdalsjokull que notre marche prendra fin, face à la mer.

Bivouac au pied du volcan Hekla

Nous avons choisi de partir en Août : le soleil de minuit est déjà loin mais les jours sont encore doux et longs. Les faits nous ont donné raison et nous avons bénéficié de conditions météo exceptionnelles pour apprécier ce trek d’exception...

Notre premier jour de marche nous mène au pied du volcan de l'Hekla. Encore trop souvent célèbre pour ses violentes éruptions, il est aujourd'hui le plus actif et redouté d’Islande.

Des paysages désertiques entrecoupés de champs de lave monumentaux accompagnent notre marche et offrent une entrée en matière plutôt austère… Nous contournons le Mont Krakatindur et le massif de l’Hekla dont les multiples coulées de lave semblent avoir envahi les lieux jusqu’aux pieds des reliefs.

Au milieu d'un désert de lave   Désertique vallée du Krakatindur

Nous quittons ce décor lunaire pour rejoindre les rives de la rivière Markajlfot surplombées par l’imposant massif tabulaire du Laufafell. Non loin d’ici, la région d’Hrafntinnusker, vaste caldeira dominée par le glacier Torfajökull, est célèbre pour son activité géothermale.

Aux alentours du Laufafell

Nous passons notre chemin pour découvrir une série de lacs aussi magnifiques les uns que les autres : le petit lac isolé d’Höfdavatn et ses eaux vert émeraude, l’imposant lac Frostastadavatn dans lequel viennent s’évanouir plusieurs coulées de lave et le lac de Ljotipollur, reposant au fond d’un cratère aux parois rouge vermillon.

  Dernières lueurs sur le lac Frostadavatn

Nous atteignons enfin la vallée de Landmannalaugar, célèbre pour ses massifs de rhyolite qui lui donne cette couleur jaune orangée si particulière : au fond de la vallée serpente la large rivière Jokulgilvisl que nous remontons jusqu’au glacier Torfajokull pour rejoindre le lac Holmsarlon. 

Rivière Jökulgilvisl   Rivière Jökulgilvisl

Le lac Holmsarlon, lac long et étroit aux eaux laiteuses, offre l’inoubliable surprise d’une source d’eau chaude dans laquelle il est incroyablement bon de se baigner. C’est également pour nous le point de départ d’une boucle de trois jours nous permettant de rejoindre et de parcourir la faille de l’Eldgja sur toute sa longueur. Cette faille éruptive est la plus grande jamais observée sur la surface terrestre, elle s’étend sur une quarantaine de kilomètres et prend fin à proximité de la chute d’Ofaerufoss.

Passage à gué   Passage à gué de la Jökullgil

De retour au lac Holmsarlon, nous longeons ses berges jusqu’à la rivière Brennivinskvisl. Les eaux vert acide du lac viennent y chuter en paliers successifs, formant un chapelet de magnifiques petites cascades.

Alftavatn   Holmsarlon   Vers Ofaerufoss

Les rives de la rivière Brennivinskvisl marquent également la frontière du désert du Maelifellsandur, le paysage change ici totalement : un vaste désert de poussière de lave rejoint le glacier du Myrdalsjokull qui s’impose à l’horizon. En plein milieu de ce décor lunaire trône le Maelifell, impressionnant massif pyramidal recouvert de mousse : né de l’une des nombreuses éruptions survenues sous la calotte du Myrdalsjokull, il s’agit d’un « tuf » volcanique, un cône constitué d’une accumulation de cendres.

Maëlifell
Sur la glacier du Myrdalsjökull  

Nous traversons péniblement ce vaste désert de poussière pour rejoindre la base du glacier Myrdalsjokull : le deuxième plus grand glacier d’Islande ne se laisse pas facilement approcher mais nous parvenons à y accéder pour une courte randonnée glaciaire.

La vallée de Porsmork, dominée par les imposantes langues glacières du Myrdalsjokull et de l’Eyjafjallajökull offre les premiers arbres de tout le trek, et probablement de toute la région… Ici commence notre longue ascension pour atteindre le passage entre les deux glaciers : de l’autre côté, la mer et les immenses plages de sable noir de Vik, la fin de notre trek également...

La longue piste qui descend vers la mer et nous mène vers l’irrémédiable fin de notre périple longe un profond canyon où fond duquel vrombissent une succession de chutes, plus hautes et puissantes les unes que les autres : la rivière Skoga est alimentée par les eaux de fonte des monstres de glace qui nous surplombent et se termine en une cassure nette, Skogafoss.

Fin du trek, face à l'océan

Islande, terre vivante, terre de feu, de glace et de désolation... Cette description peut être un peu réductrice résume pourtant bien cet extraordinaire pays et il nous a même parfois semblé découvrir dans ce trek un condensé de ce que l’Islande peut offrir.

Skogafoss  

Les terres arides et désolées des abords de l’Hekla et du Glacier Myrdalsjokull permettent ainsi un aperçu de l’intérieur des terres, l’Islande étant constituée à 60 % de déserts de sable.

Comme partout en Islande, l’eau, omniprésente, apparaît ici sous toutes ses formes : paisibles lacs, rivières impétueuses, cascades monumentales…Comme partout en Islande également, l’eau est ici source de vie puisqu’elle permet la prolifération de l’unique végétation, la mousse, mais c’est également un redoutable obstacle qu’il ne faut pas sous-estimer : l’eau conditionne nos itinéraires, il y a des endroits où l’on passe et des endroits ou ça ne passe pas…

La glace ici aussi a son importance : de par leur taille démesurée, les glaciers ont une place prédominante puisqu’ils représentent 20% du territoire. Le Myrdalsjokull est le deuxième plus gros glacier d’Islande : le fouler fut une grande expérience mais le plus impressionnant fut de constater son omniprésence dans le paysage. Occupant parfois tout l’horizon, ce véritable mastodonte se confond souvent avec les nuages…

Le feu et l’activité volcanique ont enfin ici une place privilégiée : la proximité de l’Hekla et ses champs de lave sortis de nulle part, la zone géothermique d’Hrafntinnusker ou le sol vibre sous les pieds, la monumentale faille éruptive de l’Eldgja jusqu’aux sources chaudes où il est doux de se plonger… tout ici rappelle que nous foulons une terre en constante évolution et que les paysages accueillants que nous traversons ont été autrefois, et il n’y a peut-être pas si longtemps, le spectacle de scènes d’apocalypse.

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