Une journée avec les Maoïstes

Notre premier séjour au Népal, en 2001, fut marqué par l’assassinat de la famille royale qui fut exécutée dans des circonstances encore troubles. Le pays, qui connaissait alors une instabilité politique croissante, sombra dans une véritable guerre civile opposant le nouveau gouvernement aux rebelles Maoïstes. Six années ont passé avant que nous ne retrouvions ce pays qui nous est cher. Beaucoup de choses ont changé : les années de guerre ont assombri les regards de ce peuple autrefois si souriant et les rebelles maoïstes sont omniprésents, tant dans le paysage politique que dans le quotidien des népalais.

Les partisans que nous avions rencontrés lors de notre premier voyage menaient alors une guerre clandestine. Terrés dans les montagnes, ces derniers finançaient leur combat en rançonnant les villageois des zones rurales. Aujourd'hui, la situation est tout autre: certains des leaders Maoistes sont élus ministres au Parlement et leurs sympathisants peuvent désormais parader dans les rues en toute légalité.

  Maoistes rebelles, rues de Katmandou, émeute Népal

Cherchant à s’éloigner du tumulte de la ville, nous quittons Katmandou pour retrouver les campagnes népalaises où la révolution maoïste est née. C’est en effet dans ces zones rurales où la pauvreté est extrême que le discours révolutionnaire a pris corps. Quelques heures de bus sur une route chaotique marqueront notre première rencontre avec les partisans maoïstes de la région.

Voiture de propagande maoiste, meeting politique, Népal  

Sympathisants Maoistes, jeunesse rebelle népalaise, Népal

Des dizaines de jeunes hommes se rendent en effet à un meeting politique. Ces derniers prennent place avec grand bruit  dans le bus bondé : chants révolutionnaires et discours de propagande accompagneront nos dernières heures de trajet. Située au nord de Katmandou, la région que nous rejoignons représente en effet un important bastion de recrutement pour les ex-rebelles de la guérilla communiste.

Maoistes népalais, sympathisants rebels, Népal

Si les villageois connaissent depuis toujours des conditions de vie très difficiles, ces dernières se sont considérablement détériorées avec l'arrivée sur le trône du Roi Gyanendra, frère de l’ancien souverain assassiné. Paysans pour la plupart, beaucoup de sympathisants du parti rebelle communiste critiquent ouvertement la politique du gouvernement qui, selon plusieurs d'entre eux, n’a jamais rien fait pour concrètement améliorer les conditions de vie du peuple népalais.

Village pro-communiste, village maoiste, nord  Népal

 
Une majorité de ces partisans se disent abandonnés par la capitale dont les actions, pourtant défendues par les élus, n'améliorent en rien la situation des villages en zones rurales. Le taux de chômage est en hausse constante, les infrastructures routières, médicales ou scolaires sont en très mauvais état, et la désillusion se généralise au sein des habitants.

Une part grandissante de la population s’est ainsi tournée vers le parti maoïste qui stigmatise par son discours les frustrations d’un peuple abandonné par le pouvoir politique. Aboutissement de nombreuses années de lutte, le Parlement népalais invite aujourd’hui ces ex-rebelles à se joindre au gouvernement intérimaire, consolidant ainsi l'accord de paix de 2006 ayant mis fin à la guerre civile.

Le leader de cette rébellion rouge, Prachanda, est considéré comme l'homme qui sauvera le Népal en abolissant la royauté. Cet homme qui a grandi dans un village de paysans trouve son effigie placardée partout dans la région. Ses partisans qui voient en lui la solution à un avenir meilleur, affichent aujourd’hui leur couleur et brandissent avec fierté la faucille et le marteau du drapeau communiste.

  Poster de Prachanda et  chef maoiste de village, Népal rural   Sympathisants maoistes, fierté du drapeau communiste, Népal

Pourtant, si ce leader charismatique diffuse des paroles "porteuses d'avenir", les élections de novembre 2007 qui définiront le futur de la monarchie népalaise ne sont pas en bonne voie. De nombreux népalais souhaitent en effet poursuivre la guerre civile et prendre le pouvoir à n'importe quel prix.

Affiche du parti CPN maoiste, Nepal himalayen

 
D’autre part, les actions des Maoïstes restent aujourd’hui très controversées : si certains voient en ce parti révolutionnaire l’espoir d’une vie meilleure, d’autres redoutent cette armée qui s’est imposée dans la vie du pays par la terreur. Enrôlement de force, rackets et attentats sont encore des pratiques que ce parti, se voulant pourtant politiquement correct…
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