Le marché aux bestiaux de Kashgar
|
Située à l’extrême sud-ouest du Xinjiang, la ville de Kashgar s’est développée dans un contexte géographique hostile. Cernée par l’imposant désert du Taklamakan réputé comme l’un des plus inhospitalier du monde et dominée par l’impressionnante chaîne montagneuse du Karakorum, longtemps considérée comme infranchissable, Kashgar était encore récemment très difficile d'accès.
|
Mais cette ville du Xinjiang bénéficie pourtant d’une situation plutôt exceptionnelle qui a contribué à son essor ainsi qu'à son importance historique. A proximité des frontières du Pakistan, du Kirghizstan et du Tadjikistan, elle fut pendant des siècles un véritable carrefour commercial de la route de la soie.
|
|
Si la ville s’est progressivement sinisée du fait de la volonté croissante du gouvernement chinois d’accroître son contrôle sur cette terre lointaine, Kashgar conserve encore aujourd’hui sa véritable identité : celle d’une ville ouïghoure et commerçante avant tout. Le marché aux bestiaux qui s'y tient tous les dimanches à l’extérieur de la ville depuis des siècles reste encore un magnifique exemple de l’activité de cette région. Ici, la tradition du commerce, de l’échange et du marchandage a gardé tout son sens.
|
Dès les premières lueurs du jour, des centaines de véhicules convergent vers l’enclos réservé à l’exposition des bestiaux. Des camions, des charrettes, des tracteurs et même de simples éleveurs venus à pieds avec leurs quelques bêtes se pressent pour pouvoir bénéficier des meilleures places disponibles.
|
|
|
Le vaste enclos est rapidement bondé. Malgré l’apparence chaotique qui se dégage, l’espace est parfaitement bien organisé : l’entrée du terrain est réservée aux bovins qui attendent en compagnie de leur éleveur un acheteur potentiel ; au fond, ce sont les troupeaux de chèvres et de moutons qui sont regroupés.
|
Dans un recoin de l’enclos, ce sont les cuisiniers qui s’affairent. Il faut en effet préparer les multiples spécialités, à base de mouton pour la plupart, afin de nourrir les visiteurs. Ici, un vieil homme propose de partager sa vieille balance : pour quelques yuans, les acheteurs pourront ainsi vérifier le poids des bêtes…
|
|
|
Les négociations vont bon train : on tâte des bêtes, discute de leur âge, de leur musculature et de leur robustesse. Il faut en effet de solides bestiaux pour supporter les difficiles conditions climatiques de la région. C’est par une franche poignée de main que l’affaire est finalement conclue.
|
La transaction est payée en liquide aux yeux de tous. Ici plus que partout ailleurs, la loyauté est de rigueur : il ne faudrait surtout pas faillir à la tradition commerçante qui a fait la réputation du lieu. |
Les hommes qui se pressent au marché sont ouïghours pour la plupart. Cette ethnie originaire d’Asie centrale était autrefois majoritaire au Xinjiang, elle l’est toutefois largement dans la région de Kashgar qui a su conserver sa culture et sa différence par rapport à la Chine des Han. Moins nombreux, des éleveurs ou acheteurs viennent parfois du Kirghizstan pour choisir une nouvelle monture.
|
En réactions aux fortes velléités indépendantistes se développant chez les ouïghours, la Chine tente depuis quelques années de contrôler cette région en minimisant leur identité culturelle. Si l’appel à la prière est aujourd’hui interdit dans les rues de Kashgar, son marché, porteur de l’histoire commerçante de ce peuple, a su conserver toute son authenticité.
|
|
|
Tanguy&Violette © 2006-2008 - Tous droits réservés. |
|