Culte de la personnalité du grand Timonier
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Après son accession au pouvoir, Mao restaura l'unité nationale vascillante depuis plusieurs décennies, tout en permettant à la Chine de développer son indépendance face à ses pays voisins. Prenant exemple sur le modèle soviétique, Mao instaura alors une dictature du parti unique pour imposer à la population le collectivisme sur un dogme communiste.
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Ainsi, au nom d'un socialisme purement chinois, Mao rompit avec son allié, l'URSS, et fut l'inspirateur direct du "Grand Bond en avant", un mouvement de réformes industrielles qui devait permettre, selon ses dires, de "rattraper le niveau de production d'acier de l'Angleterre" en seulement 15 ans.
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La population chinoise est ainsi sommée d'apporter sa contribution, en particulier la classe paysanne. Les paysans doivent en effet poursuivre leurs récoltes tout en produisant un quota sidérurgique imposé.
Cette politique fut un échec cuisant soldé par la plus vaste et la plus meurtrière famine qu'ait connu le XXème siècle.
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Après avoir longtemps ignoré le désastre ou rejeté la faute sur des éléments extérieurs, Mao Zedong se retrouve en minorité au Parti alors que la confiance du peuple en son idéologie est fortement ébranlée. Il soulève alors les étudiants chinois contre la direction du Parti, reprend le pouvoir et livre la Chine à la violence effrénée des Gardes Rouges au cours de la Révolution culturelle de la fin des années soixantes.
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Enfin, rétablissant l'ordre à son profit, il fait éliminer ses principaux rivaux et instaure un véritable culte de la personnalité qui atteint son paroxysme dans les années soixante dix. Alors qu'il fait ériger des statues et des portraits de lui dans le pays tout entier, la République Populaire de Chine sombre dans le totalitarisme.
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Le culte de la personnalité de Mao Zedong prend ses racines dans la "Longue Marche", épisode au cours duquel Mao s'est imposé comme leader charismatique. À l'instar de Staline, le style de sa propagande réaliste-socialiste évolue rapidement vers une véritable déification de Mao.
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Contrairement aux premières représentations où Mao apparaît aux côtés des paysans et ouvriers, dans une relation d'égal à égal, ce n'est qu'à partir de la Révolution culturelle, date de son retour au pouvoir, que son effigie est idéalisée, souvent située dans le ciel, détachée du commun des mortels.
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Sur la place Tian An’men de Pékin, les innombrables groupes de touristes chinois se pressent encore avec dévotion pour découvrir avec admiration le célèbre portrait de Mao Zedong, symbole par excellence de la Chine du XXème siècle. Pose devant le portrait, salut enseigné à l’école : le rituel pour approcher la photo mythique est assurément attendu et préparé.
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En face, le mausolée du Grand Timonier voit chaque jour des milliers de visiteurs. Après une longue attente, la visite se fait au pas de course. Il est en effet formellement interdit de s’attarder devant le sarcophage de verre protégeant la dépouille de l'un des plus grands tyrans de l’après-guerre.
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Néanmoins, pour la majorité des chinois, Mao reste le grand libérateur et le constructeur de la Chine moderne. Malgré les conséquences tout à fait catastrophiques de ses réformes spectaculaires, il aura laissé le souvenir d'une période d'unité et reste révéré par une grande partie du peuple comme le dernier des empereurs chinois. |
Pourtant, l’image de Mao Zedong ne se limite plus à ses 30 ans de dictature politique. En effet, le business engendré par le culte de la personnalité de Mao n’a jamais été aussi important. Outre les affiches, photos, cartes postales et souvenirs en tous genres, les petits livres rouges et pendentifs à l’image d’un Mao jeune, sans rides et toujours souriant, s'ajoutent aux billets de banque à son éffigie. Ironiquement, des milliards de transactions monétaires ont lieu chaque jour en Chine : l’apport véritablement bénéfique de Mao dans l’économie chinoise n’a jamais été aussi fort que depuis sa mort.
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De nos jours, bien que toujours respecté de façon officielle, il n’est plus une référence malgré les partis maoïstes à travers le monde qui continuent de révérer Mao comme un révolutionnaire. Mais de plus en plus d'historiens et de détracteurs tentent de démonter la légende et insistent sur les choix malencontreux du dictateur ayant causé la mort de plusieurs millions de Chinois...
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