Voyage dans l'Inde des Chrétiens

L’Inde est pour beaucoup d'entre nous rattachée aux symboles de l’hindouisme, qui reste sans conteste la religion majoritaire du pays. On s’imagine des rues bruyantes peuplées de sâdhus, des temples bondés où l’air semble saturé par les vapeurs d’encens, d’extravagantes fêtes religieuses célébrant des divinités aux représentations bariolées. Pourtant, le Sud de l’Inde offre un tout autre décor, surprenant tant il détonne avec le reste du pays.

 

Ici, le christianisme est roi. Les façades des bâtiments affichent des proverbes bibliques, des représentations kitsch et colorées de Jésus trônent aux rétroviseurs des bus publics, et les églises sont omniprésentes dans le paysage urbain. Ici, les indiens sont majoritairement Chrétiens et ne craignent pas de revendiquer leur foi.

 

Telle est la réalité culturelle et religieuse dans les états du Kerala et de Goa. Dès le XVème siècle, ces anciens comptoirs portugais ont connu une arrivée massive d’européens. Venus en grand nombre dans le sud de l’Inde, les chrétiens de la lointaine Europe y érigèrent ainsi basiliques et cathédrales dans le style architectural portugais.

 

L'héritage architectural de cette présence Catholique revêt aujourd’hui plusieurs facettes : des imposantes cathédrales de Goa qui furent construites sous l’influence des dominicains, jésuites et franciscains arrivés peu après Vasco de Gama, jusqu'aux modestes chapelles de quartier qui, faute de moyens, prennent souvent la forme de modestes maisons aménagées en lieux de culte.

 

Bien que beaucoup plus modestes que les premières, ces petites églises sont très fréquentées et soutenues par la communauté rurale. Chaque petit village, même très isolé, possède la sienne. Omniprésents, les lieux de culte représentent ainsi un important vecteur de la foi chrétienne en Inde du Sud.

 
 
On peut y découvrir une ornementation riche et colorée, étonnant mélange alliant l’exubérance de la culture indienne à l'iconographie chrétienne. Les nombreuses représentations de Marie, Jésus ou des nombreux saints de la Bible prennent alors des traits inattendus, loin de la sobriété des représentations que l’on trouve dans la lointaine Europe.
 

Point culminant du calendrier religieux, la Pâques permet à cette importante communauté chrétienne d’afficher sa foi. Pendant la semaine sainte, une impressionnante foule des pèlerins envahit ainsi les rues et les alentours des lieux de cultes, paradant pendant de longues heures dans les villes.

 

Les messes, d'habitude très animées, se transforment en véritable spectacle tant la dévotion des fidèles s’y exprime avec exubérance. Après le recueillement en silence, la foule se met à chanter, yeux fermés, frappant dans les mains au rythme des prières et des paroles d’un prêtre prenant des allures de prédicateur, hurlant des "Praise the Lord" et "Halleluyah".

 

La messe terminée, les fidèles forment un cortège qui va alors sillonner dans la ville pendant plusieurs heures. Trônant sur un char bariolé, le prêtre dont la voix est retransmise par des haut-parleurs guide l’immense cortège à travers la ville. Faisant de multiples haltes devant les diverses églises et autels jalonnant le parcours, leurs chants dureront jusque tard dans la nuit.

 
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