La Chine interdite

Longtemps fermée aux étrangers, c’est sous l’influence du nouveau timonier Deng Xiaoping que la Chine ouvre ses frontières en 1979. Cette ouverture reste cependant toute relative et de nombreuses régions demeurent, aujourd’hui encore, totalement interdites aux occidentaux.

Stratégiques de par leur position géographique, ces régions correspondent pour la plupart à des zones frontalières que le gouvernement pékinois considère comme sensibles. D’autres sont fermées pour des raisons de politique intérieure, lorsque subsistent par exemple de petits mouvements indépendantistes comme c’est le cas dans certaines parties du Tibet et de la Mongolie intérieure.

Interdites aux étrangers, parfois même aux chinois, ces régions restent entourées de mystère mais sont paradoxalement, pour un petit nombre d’entre elles, visibles aux yeux de tous... C’est le cas d’une petite vallée située entre les provinces du Gansu et du Xinjiang, près de la frontière mongole. Entièrement désertée, cette dernière est traversée par le train ralliant la ville d’Urumqi à Pékin.

 

Suivant le tracé de la Grande Muraille, ce trajet de plusieurs jours parcourt la Chine d’Est en Ouest. Durant ce long voyage, les passagers peuvent contempler la beauté des paysages traversés : les déserts de Mongolie intérieure et les chaînes de montagnes bordant la frontière mongole. Soudain, c’est un tout autre spectacle qui s’offre à leurs yeux : pendant quelques kilomètres, le train bondé va traverser une mystérieuse vallée, abandonnée, interdite à quiconque souhaiterait s’y aventurer…     

C’est au travers des remblais longeant les rails que les passagers peuvent apercevoir les premiers villages à l’abandon. Où que l'on regarde, pas une âme qui vive à l’horizon…

Le train s’approche et de rares bâtiments apparaissent ça et là. Ces derniers semblent remonter au milieu du siècle mais n'ont désormais plus que l'apparence décharnée de villages abandonnés. Plus loin, ce sont les décombres d'un village entièrement rasé. Spectacle à peine dissimulé derrières de hauts murs d'enceinte.

 

Exceptés les baraquements militaires ou les quelques cheminées d’usine, rien ne subsiste aujourd’hui de ces hameaux. Ce qui semblait autrefois réservé aux habitations, il n’y a peut-être pas si longtemps, n’est plus qu’un amas de gravats hâtivement laissé à l’abandon…

 

Ces ruines ont autrefois abrité des militaires, des travailleurs, des familles. Dénudées, elles font aujourd’hui partie du paysage qui les entoure. Vestiges d’une vie passée...

Interloqués par ce qui défile sous nos yeux, nous interrogeons les passagers. Si ces derniers ont déjà fait plusieurs fois ce trajet, peu semblent s’être déjà posé la question ! Pourquoi cette vallée est elle dévastée, désertée ? Qui y vivait ? Quand ? Tant de questions sans de véritable réponse...

 
 

Certains évoquent la révolution culturelle, d'autres parlent d'anciens camps de prisonniers. Enfin, l’hypothèse des essais militaires ou nucléaires est même timidement abordée.

Si les causes véritables de cette désertion nous serons bien évidemment inconnues : seule certitude, ce fut soudain et violent...

Plus rarement, le train traverse de vieilles gares à l'abandon, pâle souvenir d'un passé que les autorités préfèrent sans doute occulter pour mieux l'oublier. Jadis pimpantes comme toutes les gares du pays, elles permettaient sans doute l'acheminement militaire et scientifique, mais aussi pour la main d'oeuvre envoyée dans cette lointaine région. Aujourd'hui, ces anciennes gares ne sont plus que des ruines fantomatiques.
Tanguy&Violette © 2006-2008 - Tous droits réservés.